" Les musiciens "    -1953-      162 cm / 164 cm

                   Musée National d'Art Moderne de Paris

                              Un chef-d'oeuvre de plus

Encore une fois en parlant de la peinture de Nicolas de Staël , je vais employer le mot de « somptuosité » . Somptuosité dans la couleur , somptuosité dans les variations des grandes bandes verticales et somptuosité dans l’ensemble du tableau . Quand  je vois une œuvre pareille  , je n’ai plus envie de peindre . On se sent si petit , si insignifiant De Staël s’extasiait devant les réalisations de Matisse et il disait :  «  Il arrive à 85 ans à tenir la fulgurance même avec des bouts de papier » . Et lui , cette fulgurance , il la tient à grands de spatule ou de couteau . Il travaillait par  corrections successives et ces corrections successives débordaient les unes sur les autres ce qui provoquait cette impression de mouvement et de vie dans son travail , cette non-netteté ( mot inventé… ! ).  Il disait : «  On accorde fin , très fin , valeurs directes,  indirectes , ou l’envers de la valeur , ce qui importe c’est que ce soit juste » . Et il n’y a pas de doute , tout est juste. J’ai eu la chance d’admirer ce tableau de très près , et j’ai été ébahie de voir ces épaisseurs de peinture et ces recouvrements successifs qui laissaient chaque fois apparaître  la couche inférieure .Cézanne disait : « un kilo de vert est plus vert qu’un gramme » . le secret de De Staël c’est sans nul doute , la couleur , la matière et cette fulgurance si bien rendue . Quelle maîtrise , quel talent . C’est pour moi , chaque fois , un enchantement . J’en pleurerais de bonheur.